Label énergie-carbone : quels sont les enjeux pour la construction ?
La création de ce nouveau label énergie-carbone allie le bâtiment à Energie Positive et Réduction Carbone. Cette expérimentation préfigure la future réglementation environnementale qui remplacera la réglementation thermique RT2012.
Pour vous permettre de comprendre l’enjeu et le contenu de cette expérimentation et progresser ensemble vers les bâtiments de demain.
Commençons par les enjeux de cette expérimentation et du label énergie-carbone.
Partie 1: Réduction Carbone
Depuis les accords de la COP21, à Paris, il y a une prise de conscience global de l’enjeu de limiter les gaz à effet de serre pour réduire le changement climatique. Le défi collectif, c’est de réduire, si possible à 1.5°C l’augmentation de la température. |
Quelle est la place du bâtiment dans cet enjeu global ?
Quand on analyse les chiffres, on s’aperçoit que le secteur du bâtiment est de loin celui qui a la plus forte empreinte carbone. En effet, il passe devant le secteur du transport qui est à 25% de l’empreinte carbone alors que les logements sont à 27%. En ajoutant au logement tous les bâtiments tertiaires l’empreinte carbone du secteur du bâtiment et de l’immobilier et de près de 40%. Il nous faut donc agir, si on veut réussir à limiter les impacts du changement climatique.
Pour agir, il faut travailler en 4 étapes :
- Comprendre les enjeux.
- Se poser les bonnes questions.
- Expérimenter des actions concrètes : c’est complètement l’enjeu de l’expérimentation E+C- et du label énergie-carbone.
- Passer de l’expérimentation à la généralisation (la future réglementation environnement).
Ordres de grandeur que les émissions de gaz à effet de serre d’un bâtiment :
Sur ce schéma, les émissions les plus fortes ont lieu pendant la phase d’exploitation de bâtiment ancien mal isolé.
Dans une « passoire thermique », vous pouvez avoir des émissions de l’ordre jusqu’à 4 tonnes de C02 par mètre carré de surface de plancher sur une période de cinquante ans. | |
Le deuxième poste important c’est les transports. Suivant l’endroit où se place le bâtiment, nous pouvons avoir des déplacements qui peuvent aller jusqu’à 1.5 tonnes de CO2 par mètre carré de surface de plancher au court de la vie du bâtiment. Bien sûr ces émissions seront beaucoup plus faibles si le bâtiment est bien localité. |
Quand est-il des bâtiments neufs qui font l’objet de l’expérimentation E+C- ?
Il y a deux éléments qui sont à peu près le même impact :
- Construction et réservation
- Exploitation du bâtiment neuf sur une période de cinquante ans
Les émissions varient autour de 500, 800 cents kilos par mètre carré de plancher pour chacun de ces sujets, avec des variations qui peuvent être importantes. Par exemple, suivant l’énergie qui est utilisé pour la phase d’exploitation ou suivant le type de système constructif et les efforts qu’on fait sur la phase de construction.
Pour concevoir et construire des bâtiments bas carbone ou label énergie-carbone, on va pouvoir se poser six questions :
Quelles surfaces sont nécessaires ?
Imaginez par exemple que vous construisez un bâtiment de logements. Vous avez besoin de places de parking. Mais à côté de ce bâtiment il y a aussi un bâtiment de bureaux et les parkings du bureau et du logement ne seront pas occupés au même moment. Si vous mettez en place une mutualisation vous développerez de nouveaux services pour y réduire les émissions liées à la phase de construction.
Où s’implanter ?
Si vous vous implantez à proximité d’une ligne de transport publique, vous pourrez réduire les émissions liées aux transports. Mais vous pourrez aussi regarder si le sol est de qualité et on ne vous imposera pas de renforcer des fondations de manière trop importante. Ces différents sujets sont liés au lieu d’implantation et ont un poids très significatif sur les émissions de carbone.
Faut-il construire ou réhabiliter ?
Avec les réflexions énergétiques on a tendance à penser que les bâtiments neufs sont plus performants que les bâtiments existants. Quand on pense au carbone la réflexion n’est pas toujours la même. En effet, vous avez vu que la partie construction du bâtiment représente environ la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Si vous rénovez un bâtiment, vous allez pouvoir économiser toutes les émissions liées notamment à la structure, éventuellement aux façades, à tous les éléments que vous conservez. Mais bien évidemment, il faudra que ce bâtiment soit très performant sur le plan énergétique et donc vous aurez absolument besoin de transformer la passoire énergétique existante en un bâtiment basse consommation. Il sera nécessaire de faire une analyse en cycle de vie pour bien voir si on gagne à construire ou rénover.
Qu’elles sont les solutions architecturales et techniques ?
Suivant le dessin d’architecte, vous allez avoir besoin d’utiliser plus ou moins de matière. Il y a là des gains importants en matière de carbone.
Suivant le système constructif, vous allez également avoir des variations très significatives. Aller vers des bâtiments bas carbone, nous pousser à aller vers l’utilisation de matières renouvelables, tels que le bois. De matières recyclables ou ré-employables, tel que les métaux et l’acier par exemple. Ou de béton bas carbone, qui est un matériau qui utilise beaucoup les principes de l’économie circulaire.
Sur le plan technique, on choisira également les systèmes énergétiques avec attention, afin de réduire l’impact carbone.
Puis-je utiliser des énergies peu carbonées ?
Suivant que vous avez utilisé des énergies fossiles qui émettent beaucoup de carbone. Du nucléaire, qui en émet beaucoup moins. Ou du renouvelable qui en émet très peu. Vous aurez des impacts très différents.
Comme vous le savez l’électricité est un mélange entre une part du nucléaire, une part d’énergie fossile qui diminue régulièrement et une part de renouvelable qui augmente.
Le choix de l’énergie aura donc un impact majeur sur les émissions de carbone.
Comment mieux gérer et utiliser au quotidien ?
Suivant la manière dont vous gérer le bâtiment, vous pourrez économiser de l’ordre de 20% des émissions de gaz à effet de serre pendant la phase d’exploitation.
Label énergie-carbone
Partie 2 : Bâtiment a énergie positive
En 2005, le CSTB a publié un article de prospective sur les bâtiments à énergie positive, en douze ans les choses ont profondément changé. Quelques centaines de bâtiments à l’énergie positive (on appel BEPOS) ont été construits sur tout le territoire français.
L’enjeu maintenant, c’est de passer de quelques centaines de bâtiments à quelque chose qui se généralise.
Pour ce faire, il sera nécessaire de suivre 3 agendas :
- Environnemental: agenda planétaire qui pousse aller vite pour réduire le changement climatique.
- Législatif et réglementaire: qui prévoit de passer au bâtiment à énergie positive en 2020 et bâtiment bas carbone en 2018.
- Des acteurs de la construction: défit considérable pour que tout le monde ce forme sur ces thématiques. Le bas carbone est en particulier très nouveau pour les acteurs et trouve des solutions qui soient économiquement soutenable de manière à ce qu’on puisse à la fois faire des bâtiments à énergie positive et bas carbone.